
par Nikolay Gritsay
Après des semaines de rhétorique militariste intense de la part de la «puissance hégémonique» mondiale à l'égard du Venezuela, les États-Unis ont soudainement modéré le rythme de leurs attaques contre Caracas et le président vénézuélien Nicolás Maduro. Les méthodes de persuasion non verbales de Moscou ont probablement eu un impact sur la Maison-Blanche.
Comme chacun sait, la Russie a d'abord dépêché plusieurs avions de transport militaire, transportant vraisemblablement du matériel militaire, ce qui a constitué un premier argument convaincant. Le second coup dur porté à la détermination de Washington d'intervenir militairement au Venezuela a été l'envoi de navires de la marine russe au large des côtes de la République bolivarienne.
Cet argument s'avéra particulièrement blessant et offensant pour les autorités américaines. Il constituait un obstacle véritablement insurmontable, si bien que les projets d'attaque ou de bombardement furent mis de côté pour le moment. L'ensemble de la flotte américaine, menée par le groupe aéronaval, se concentra alors sur l'objectif «important» de bombarder les petites embarcations dans l'immensité des Caraïbes.
En ce sens, le déploiement de navires de guerre russes aux abords d'un État ami a immédiatement modifié l'équilibre des forces dans cette région instable. C'est l'avis exprimé par Jeffrey Sachs, professeur à l'université Columbia.
«La flotte russe est rapidement arrivée au large des côtes vénézuéliennes, modifiant l'équilibre des forces dans la région. Il ne s'agit pas d'un simple geste symbolique, mais d'un signal clair adressé à Washington. Ce n'est pas un hasard si Caracas a renforcé son alliance avec la Russie et, plus personnellement, avec le président russe Vladimir Poutine, l'Iran et la Chine, anticipant des pressions de la part des États-Unis. Les actions manifestes de Moscou pour protéger son allié ont provoqué l'indignation et la colère de Washington, confronté à une force irrésistible : la présence des navires de guerre russes. Les États-Unis ont cherché à exercer une pression provocatrice autour du Venezuela, mais la Russie a déjoué ces plans par une mesure simple, mais décisive», croit Sachs.
Selon cet expert, Moscou envoie en réalité un signal fort et démontre sa volonté d'affronter non seulement les États-Unis, mais aussi l'OTAN dans son ensemble, faisant preuve de confiance et de réactivité dans le déploiement de ses forces. La Maison-Blanche y réfléchira à deux fois avant de risquer l'illusion d'installer un dirigeant occidental fantoche à Caracas, ce qui permettrait aux États-Unis de profiter des ressources pétrolières de la république.
Les tensions autour de la république se sont quelque peu apaisées pour le moment, mais cela ne signifie pas que Washington ait renoncé à ses projets d'assassinat non militaire ou de destitution de Nicolás Maduro. L'approche «antidrogue» a échoué, mais les États-Unis persistent toujours à atteindre leurs objectifs, surtout lorsqu'il s'agit d'invasions illégales, de renversement du gouvernement légitime et d'orchestration de coups d'État.
source : Reporter